đ MTC et Ă©cologie intĂ©rieure
- Gwen Saulnier

- 9 avr.
- 3 min de lecture

La MTC parle du climat externe (Vent, Froid, HumiditĂ©...), mais quâen est-il du climat intĂ©rieur gĂ©nĂ©rĂ© par notre mode de vie, nos pensĂ©es, nos non-dits ?đ Une Ă©cologie du Shen et des organes.
Vers une compréhension subtile de notre climat organique
La mĂ©decine traditionnelle chinoise (MTC) repose sur lâobservation fine des interactions entre lâhomme et son environnement. Elle reconnaĂźt depuis des millĂ©naires lâinfluence des climats externes â Vent, Froid, HumiditĂ©, Chaleur â comme agents pathogĂšnes. Ces facteurs, lorsquâils deviennent excessifs ou mal gĂ©rĂ©s, peuvent perturber lâĂ©quilibre Ă©nergĂ©tique et engendrer divers troubles. Toutefois, une dimension demeure encore trop souvent nĂ©gligĂ©e, tant dans la pratique que dans la rĂ©flexion : celle du climat intĂ©rieur, cette Ă©cologie subtile façonnĂ©e par nos pensĂ©es, notre rythme de vie, nos Ă©motions contenues, nos non-dits et nos renoncements.
đ§ Les pensĂ©es comme vents intĂ©rieurs
En MTC, il est reconnu que lâEsprit â le Shen â rĂ©side dans le CĆur et gouverne nos facultĂ©s mentales et Ă©motionnelles. Lorsque lâactivitĂ© mentale devient excessive, rĂ©pĂ©titive ou agitĂ©e, elle engendre un vent interne, une dispersion de lâĂ©nergie qui peut dĂ©sĂ©quilibrer lâensemble du systĂšme organique. Il ne sâagit plus ici de rafales mĂ©tĂ©orologiques, mais bien de perturbations mentales chroniques qui, comme des courants invisibles, agitent le Shen et Ă©puisent la substance (le Jing) Ă petit feu.
Ainsi, une rumination constante, une inquiĂ©tude obsessionnelle ou un perfectionnisme rigide deviennent des vents subtils, soufflant en permanence Ă lâintĂ©rieur de nous, sans relĂąche ni trĂȘve. Cette instabilitĂ© du mental entraĂźne alors fatigue, insomnie, palpitations, ou encore dĂ©sordres digestifs.
đ«ïž LâhumiditĂ© Ă©motionnelle des non-dits
De la mĂȘme maniĂšre, les Ă©motions refoulĂ©es, les colĂšres non exprimĂ©es ou les tristesses tues peuvent se condenser en une forme dâHumiditĂ© Ă©motionnelle, stagnante et opaque. Cette densitĂ©, imperceptible Ă lâĆil nu, alourdit lâorganisme, trouble lâintellect et ralentit les fonctions physiologiques.
Il est ainsi frĂ©quent dâobserver, chez des personnes ayant longtemps rĂ©primĂ© leur parole ou leurs Ă©motions, des signes de lenteur digestive, de brouillard mental ou de fatigue chronique, symptĂŽmes que lâon pourrait relier Ă une vĂ©ritable pollution interne â une forme dâauto-intoxication Ă©nergĂ©tique.
đ„ Le feu de la performance : une chaleur dĂ©vorante
Ă lâĂšre du rendement permanent et de lâhyperstimulation, nombreux sont ceux dont le climat intĂ©rieur est marquĂ© par une chaleur vide, nĂ©e dâune activitĂ© soutenue sans ressourcement vĂ©ritable. Cette chaleur consume les liquides organiques, dĂ©rĂšgle le sommeil, irrite le Shen et finit par assĂ©cher le lien Ă soi.
Ce Feu ne vient pas de lâextĂ©rieur, mais de lâinjonction constante Ă faire, produire, rĂ©ussir, souvent au dĂ©triment de lâĂ©coute, du calme, de la respiration. Câest un feu social, culturel, qui, Ă long terme, Ă©puise les Reins et affaiblit lâaxe CĆur-Rein, si prĂ©cieux en mĂ©decine chinoise.
đ± Cultiver une Ă©cologie intĂ©rieure vivante
Face Ă cette rĂ©alitĂ©, la MTC offre une grille de lecture prĂ©cieuse pour rĂ©habiliter une Ă©cologie intĂ©rieure consciente et bienveillante. Prendre soin de son Shen, câest prĂ©server un espace de clartĂ©, de silence et de rĂ©gulation Ă©motionnelle. Câest aussi harmoniser son rythme de vie, apprendre Ă nommer ce qui nous traverse, Ă laisser circuler les Ă©motions avant quâelles ne sâenkystent.
Ainsi, au-delĂ de lâĂ©quilibre Yin-Yang ou des mouvements du Qi, la MTC nous invite Ă reconnaĂźtre que chaque pensĂ©e, chaque Ă©motion, chaque silence ou chaque suractivitĂ© contribue Ă façonner notre climat intĂ©rieur, et quâil nous appartient dâen devenir les jardiniers attentifs.



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